Du sexisme dans nos assiettes ? Nos assiettes sont-elles genrées ?

Besoins physiologiques :
Durant l'enfance, les besoins nutritionnels des filles et des garçons sont similaires. A la puberté les choses changent un peu. Avec l'arrivée des règles, les besoins en fer augmentent pour les jeunes filles. Les apports recommandés deviennent alors de 16 mg/ jour pour les femmes et de 10 mg pour les hommes. On estime cependant à 16 % les femmes anémiées en raison de menstruations abondantes. Les risques sont augmentés également si la consommation d'aliments riches en fer est insuffisante. On constate que les femmes ont tendance à avoir une consommation moindre en produits carnés ou issus de la mer alors que ce sont ces aliments qui sont les plus riches en fer héminique. Le fer héminique a une bonne biodisponibilité : son taux d'absorption peut aller jusqu'à 25% tandis que le taux d'absorption du fer issus des végétaux n'est que de 5%. 
L'idée que les femmes aient des besoins moindre en fer comme en protéine est une idée préconcue : En effet, pour la population générale, homme ou femme (hormis les situations spécifiques) les apports nutritionnels conseillés sont de 0.83 g de protéine /jour/kilo.

Préférences alimentaires : 
Les préférences alimentaires et nos goûts prennent forme selon nos expériences et évoluent tout au long de la vie. Même si certains de nos goûts sont universels, les préférences et choix alimentaires sont également fonction d'une multitude de facteurs environnementaux tels que la culture, les normes sociales, l'éducation, les médias ... Nous construisons donc tous une sorte d'identité alimentaire. Elle est  constituée de nos appétences, nos goût-dégoût, de nos choix et évictions.... Chacun peut donc se questionner sur sa propre identité alimentaire et se demander dans quelle mesure, elle fut ou est influencée par l'environnement séxué de la société.

Depuis le 20ème siecle et les travaux de Claude-Levi-Strauss (historien et anthropologue), on sait que toutes les sociétés humaines forgent des prescriptions et des interdits dans l'alimentation. Elles se sont avérées ou s'avèrent souvent à la défaveur des besoins physiologiques des femmes. 
Dans de nombreuses sociétés, on prête des besoins physiologiques plus importants aux garçons qu'aux filles. Et on apprend plus facilement aux filles à se priver, à se restreindre en calories qu'aux garçons.

Dans nos sociétés contemporaines, des lois sont régulièrement votées pour plus d'égalités au niveau social, économique, politique. Ces mutations permettent aux mentalités d'évoluer. Toutefois, on constate que certaines injonctions et stéréotypes demeurent, générant alors des pressions normatives sur les femmes et les hommes en ce qui concerne leurs morphologies et leurs assiettes.  

Source bibliographique : "Le quotidien du médecin" mars 2018